On les a rencontrés râteau à la main, nettoyant le foin dans les boxes. Hugo et Romain ont participé au Salon International de l'Agriculture de Paris 2023 pour partager leur amour pour les vaches laitières. A 18 ans, ils ont inscrits en première année à l'Agricampus de Laval, en Mayenne. Interrogés par Job Etudiant, ces étudiants en BTS de production animale racontent pourquoi ils ont décidé d'embrasser le métier d'agriculteur.
Passionnés d'agriculture, Romain et Hugo couvrent le Salon de l'Agriculture.
Le secteur de l'agriculture vous est-il familier ?
Romain : Je suis fils d'agriculteur. Ça aide. Je compte succéder à mes parents et j'irai a minima jusqu'en licence.
Hugo : J'ai de la famille dans les vaches laitières. On a tous les deux fait un bac techno.
Comment a commencé l'aventure au Salon de l'Agriculture ?
Romain : Nous nous sommes inscrits auprès de notre école pour ce stage de deux semaines facultatif. On a au total trois stages à faire dans notre cursus, dont un hors sol dans les productions de volailles de deux semaines et un de quatre semaines en exploitation à l’étranger ou en France, mais ça doit être en bio ou en transformation. C’est l’avantage avec Laval : ils nous forcent à avoir une ouverture d’esprit.
À quoi ressemblent vos journées ?
Hugo : On commence à 5h30. On dort sur le salon, dans une loge près des vaches. On entend les animaux toute la nuit. On commence à traire puis on emmène les vaches au lavage. On fait les litières puis on les maintient propres. On les trait deux fois par jour : matin et soir. C'est intéressant. On voit la méconnaissance des gens autour de l'agriculture.
Romain : Les gens sont contents et on est contents de répondre à leurs questions. On constate qu'il y a une méconnaissance du monde de l'agriculture.
Hugo : Oui. On nous pose des questions de base. Pour nous, c'est logique que pour qu'une vache donne du lait, il doit y avoir un veau mais ce n'est pas le cas de tout le monde. Le salon est un stage facultatif. Ça nous permet de découvrir la vache Pie Rouge.
Vous êtes confiants par rapport au métier d'agriculteur ?
Hugo : On aime ce qu’on fait, mais on sent que financièrement, ça va être compliqué. Soit le lait augmente, soit les charges baissent. Je me dis ‘Je dois parvenir à tenir la boutique’. Si ça ne marche pas, je me reconvertirai dans le secteur agricole. Il y a tellement de métiers…
Romain : Le rythme et la charge de travail ne me font pas peur : on est maîtres de nous-même. Si on veut prendre une demi-heure pour aller goûter avec ses enfants, on peut. C’est une grande amplitude horaires, mais c’est malléable. Puis ça dépend où est la priorité : la ferme ou la famille ?
Hugo : C’est une organisation de travail à trouver. Il y a des gens qui partent à 7h30 pour déposer les enfants à l’école et aller travailler mais à côté de ça, ils finissent à 21 heures le soir. Nous sommes maîtres de nous-mêmes.
Romain : Je n'ai pas senti de manque de mes parents. J'ai grandi à la ferme, je les voyais tout le temps.
Comment se passe votre cursus scolaire à l'Agricampus de Laval ?
Romain : On a 4 semaines en exploitation. Laval nous donne du temps pour pratiquer. On découvre plusieurs secteurs.
Hugo : Le bio ? C'est intéressant. Mais financièrement, soit le lait augmente, soit les charges évoluent. L'agriculteur n’est pas rémunéré au juste prix. Il y a trop d’arrivée en bio par rapport à la demande. Le truc que je redoute le plus, c'est de pouvoir tenir la boutique. Autrement, je partirai dans un autre domaine de l'agriculture.
Hugo et Romain s'occupent des vaches Pie Rouge sur le selon.
Tissez-vous des liens avec les vaches ?
Hugo : On ne peut pas s'attacher à tous les animaux.
Romain : On vend les vaches pour la viande ou pour un autre élevage. Ça dépend de l'âge. Une vache vieille, c'est l'abattoir. Au moins, ça rapporte un peu d'argent. Puis, on a tissé des liens, mais on sait d'où provient la viande. On vend parfois des veaux à 15 jours.
Hugo : Même morte, elle nous apporte du plaisir. Il faut garder l'aspect économique en tête. Je l'ai vu avec le milieu de volailles hors sol. Une vache malade, on va essayer de la guérir, mais un canard malade, c'est marche ou crève. C'est la loi de la nature.
Un conseil pour les agriculteurs en herbe ?
Hugo : Allez sur le terrain découvrir le métier et ne pas avoir peur. On est accompagnés et il y a du travail ! Puis, toujours aller voir comment ça se passe ailleurs. On apprend parfois des autres agriculteurs.
Les bons côtés du métier d'agriculteur ?
Hugo : Être en perpétuelle réflexion pour faire mieux. Comment mieux répondre aux demandes des agriculteurs ? Travailler auprès des vaches, c'est plus sympa que des machines !
Et les mauvais côtés...
Romain : C'est un métier avec beaucoup de contraintes, très physique et avec des dangers. C'est aussi dur psychologiquement. On pense beaucoup aux frais. On se dit qu'on ne va pas pouvoir acheter tel matériel, par exemple. Puis, il y a une donnée préoccupante : la moyenne d'âge est de 56 ans chez les producteurs laitiers.
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