Les universités préparent la rentrée, dans une période Covid-19 au contexte indécis. Les étudiants seront-ils impactés par la pandémie ? La possibilité de dispenser les cours à distance est envisagée.
Image d'illustration; Crédits photo : L'Etudiant
Les universités travaillent déjà d'arrache-pied à la préparation d'une rentrée de septembre placée sous le signe de l'incertitude. A l'heure actuelle, plusieurs scénarios sont envisagés mais aucun ne semble privilégier un enseignement uniquement à distance, qui serait "préjudiciable" aux étudiants. Si les établissements scolaires ont très progressivement rouvert leurs portes depuis le début du déconfinement le 11 mai, ce n'est pas le cas des 74 universités françaises, qui ne reprendront pas de cours dans leurs locaux avant l'été.
L'année n'est pas terminée mais l'heure est déjà aux préparatifs d'une rentrée qui sera de toute façon différente : "Il y a une incertitude sur la possibilité d'un nouveau risque épidémique fort, c'est compliqué à gérer après trois mois éprouvants", résume Mathias Bernard, président de l'université de Clermont-Ferrand.
Le ministère de l'Enseignement supérieur doit publier dans les prochains jours une circulaire définissant un cadrage technique sanitaire national pour la rentrée. Mais libre ensuite à chaque université d'organiser les enseignements comme elle le souhaite. Au Royaume-Uni, la prestigieuse université de Cambridge a annoncé qu'elle allait donner tous ses cours en ligne jusqu'à la fin de la prochaine année universitaire, à l'été 2021.
Dans une récente interview, Frédérique Vidal, la ministre de l'Enseignement supérieur, a expliqué avoir demandé aux universités françaises de prévoir elles aussi, quand c'est possible, des cours magistraux à distance. "Mais on n'apprend pas uniquement dans des livres ou sur ordinateur. Il faut des interactions avec les enseignants", a-t-elle ajouté.
C'est en effet le constat que font plusieurs établissements, parfois échaudés par le "tout à distance" qu'ils ont expérimenté durant ces trois derniers mois, sans y avoir été préparés. "Le point positif, c'est qu'on a gagné du temps dans la numérisation de nos formations, on a accéléré les choses dans l'appropriation des outils numériques", affirme Mathias Bernard. Pour autant, "on se rend bien compte que le 'tout distanciel' ne peut être qu'un pis aller, l'interaction profs/élèves est un élément très important."
Le retour des étudiants jugé "indispensable"
Les étudiants n'ont par ailleurs pas toujours accès aux outils numériques, ils n'ont pas tous les mêmes environnements de travail et l'enseignement à distance peut accentuer les inégalités socio-culturelles, met-il aussi en garde. Pour la rentrée, il a donc imaginé deux scénarios, l'un prévoyant un quasi retour à la normale, l'autre un maintien des règles de distanciation physique. "L'idée est de pouvoir basculer facilement de l'un à l'autre", dit-il. "Dans un cas, on assurerait les TD en 'présentiel' en diminuant les effectifs d'étudiants présents et on pourrait maintenir une partie des cours magistraux, dans l'autre, les cours d'amphi se feraient uniquement à distance."
"Septembre, c'est le saut dans l'inconnu", lance Jean Chambaz, président de Sorbonne Université. "Y aura-t-il un second pic de l'épidémie de coronavirus à l'automne ? Personne ne le sait donc on nous demande d'être prudent."
Il estime toutefois "indispensable" le retour des étudiants : "Le seul enseignement à distance n'est pas la solution. Il doit être un élément complémentaire à l'enseignement en présentiel." "On ne peut se saisir de cette crise pour tout mettre à distance; on a besoin d'un face à face pédagogique", acquiesce Virginie Laval, vice-présidente chargée de la formation à l'université de Poitiers.
Son université a réfléchi à la mise en place, au premier semestre, d'un système hybride : "Un étudiant sur trois présent en amphi, un sur deux en TD", en alternant une semaine sur deux, avec une priorité donnée aux premières années pour les cours dispensés dans les murs de l'établissement. "On souhaite aussi que tous les nouveaux bacheliers soient accueillis physiquement lors de réunions de rentrée, quitte à les étaler sur plusieurs semaines", dit-elle.
Elle craint en effet que le "tout à distance soit préjudiciable pour les apprentissages, surtout pour les 'primo entrants'". Récemment, la conférence des présidents d'université (CPU) a aussi mis en avant le risque d'un taux de décrochage plus important l'année prochaine, "si on commence dès le début de l'année" avec des enseignements majoritairement à distance.
Source : AFP
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