L'alternance : une opportunité qui séduit les jeunes

L'alternance est très étudiée en temps qu'objet de recherche, notamment en sciences de l'éducation, qui en fait un domaine d'étude très riche. Pourquoi l'alternance? En formation initiale : l'alternance correspond à l'association de cours et d'un premier emploi qui plaît (concerne les jeunes). En formation continue : la volonté de se reconvertir peut être une nécessité ou un choix (concerne les adultes).

  • L'école met en relation des professeurs, un apprenant et des savoirs. C'est un système relativement fermé, qui dispose d'un calendrier bien précis, de certitudes, de savoirs académiques identifiables, qui doivent être véhiculés, et qui d'ailleurs ne servent pas toujours au travail en entreprise. L'école est un lieu consacré à la formation, à l'apprentissage de savoirs de base, de savoirs théoriques, voire techniques. Elle a des activités spécifiques, son propre rythme. L'apprenant est un élève.

  • L'entreprise, elle, met en relation un tuteur, un apprenant, et des savoirs, mais ne dispense pas une formation en elle-même. Sa mission est de communiquer des techniques, d'apprendre un métier "sur le tas". Il s'agit par là d'acquérir une maturité, des pratiques, un savoir-faire, mais aussi un savoir-être, des qualités humaines, d'approfondir le travail autonome, de s'initier au travail en équipe, de s'accommoder à la pression, de se frotter aux exigences et d'accepter les contraintes. L'apprenant est un apprenti, a des responsabilités, se charge de missions, refuse le superficiel, doit ressentir ce qu'est l'entreprise, ce qui n'est pas évident. La découverte du monde professionnel est une expérience humaine indétrônable, utile, même en poursuite d'études.

Quel encadrement pour les stagiaires? Accepter un stagiaire, un étudiant, un apprenti, n'est pas chose facile. L'entreprise doit adopter certains moyens : nommer un accompagnateur (tuteur), un responsable, suivre l'alternant, être à son écoute. Parallèlement, l'entreprise a des contrats et des exigences à respecter. Ce n'est pas un institut de formation, elle ne peut se permettre sans cesse de faire entrer un jeune (ou un adulte) en quête de savoirs pratiques à la recherche d'un métier. La capacité d'accueil est limitée, d'autant plus que les structures sont diverses et peuvent comprendre de 5 à 5000 personnes par exemple. Chacune d'entre elles s'est construite une organisation particulière, en fonction d'objectifs bien définis. L'entreprise est un dispositif de production, doit suivre le marché, faire face à la concurrence. Elle vit sans cesse au rythme des nouvelles technologies, dans une perspective d'efficacité (humaine et technologique), de qualité, de rentabilité, d'optimisation, et est ainsi en prise avec la réalité économique, sociale, et technologique. Elle a aussi bien entendu des délais à respecter et se doit de faire face aux imprévus, ce qui impose de manifester réactivité, adaptabilité et interdisciplinarité.

En définitive, dans une formation en alternance, chaque apprenant se trouve dans un contexte particulier. Il est confronté à des difficultés qui peuvent le conduire à adopter alternativement une "posture école" et une "posture entreprise". A l'école, il est bercé par son emploi du temps, tandis qu'en entreprise, il subit la pression des projets et la pression de la production. Le rythme entre l’école et l’entreprise peut s'avérer dur pour certains : il est alors nécessaire d'allier organisation et rigueur. Il faut bien entendu être motivé, et pour soi-même, et pour l'entreprise qui mise sur son apprenti et peut lui confier des enjeux importants. Il faut savoir quand même que les représentations que se font les dirigeants en entreprise peuvent être différentes : les formations en alternance s'opposent aux diplômes "classiques", et leur appréciation est sensible. L'alternance est souvent plébiscitée par les entreprises mais cette reconnaissance n'est pas gagnée d'avance.