Bons pour les études, les jobs étudiants?

Vanessa Pinto du CNRS EHESS est l’auteur d’une thèse L’emploi étudiant. Apprentissages du salariat. Elle s’est interrogée sur la fameuse question, à savoir si les emplois étudiant favorisent l’autonomie et offrent la si précieuse expérience professionnelle.

Les étudiants travaillent en moyenne 16h d’après une étude de l’INSEE. Il est certain que ces heures seront mises à profit dans la mesure où l’emploi occupé est en minimum en rapport avec les études suivies ou le parcours. Ainsi si les uns considèrent leur emploi comme alimentaire, d’autres y voient des expériences à tirer pour leur carrière ultérieure. Il y aussi ces étudiants qui finissent par garder leur emploi étudiant pour le transformer en temps plein.

Typologie des jobs étudiants

Il y a aussi des différences dans la temporalité des emplois étudiants : en effet, entre un nombre d’heures hebdomadaire et un emploi saisonnier, l’implication est très distincte, tant dans l’organisation des études que dans le choix du poste. Classiquement, les futurs enseignants seront enclins à passer le BAFA, alors que d’autres penseront à partir à l’étranger un an par exemple pour trouver un emploi à Montreal par exemple.

Le danger exposé par Vanessa Pinto tient dans la classe d’étudiants, qui renoncent peu à peu à leurs études et qui finissent par garder leur emploi à plein temps. Si ces étudiants sont tentés par la vie active sans être diplômes, c’est que l’université peine à leur proposer un cursus qui les comblent ou qu’ils parviennent à finir, qu’ils aient ou non les moyens. La question financière relève un grand rôle tout comme la gestion du temps. Les étudiants confrontés à l’enlisement d’un job de plus en plus prenant, sont ceux qui ont été poussé à travailler par nécessité financière. Entre besoin d’argent et difficultés scolaires à surmonter, le choix est vite fait pour les étudiants les plus fragiles.

Vanessa Pinto révèle ainsi que ceux sont les étudiants des cursus remis en cause, comme les sciences humaines, qui souffrent le plus de ce phénomène d’enlisement. Ce sont aussi les étudiants étrangers, issus des milieux populaires qui sont séduits par l’attrait d’un emploi étudiant alors que leur formation n’est pas achevée. Il est certain que le baby sitting ou le soutien aux devoirs ne vient pas remplir une vie étudiante alors qu’un emploi de télémarketing peut paraître comme un « vrai » poste pour qui se perd à l’université. Il est certain que les facultés doivent jouer leur carte dans ce jeu, afin d’encadrer les étudiants les plus susceptibles de décrocher pour aller trouver une « simplicité » qu’il ne trouve pas sur les bancs des amphithéâtres.