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La sélection à l'entrée en master n'est pas pour aujourd'hui. Le secrétaire d'Etat à l'enseignement supérieur, Thierry Mandon, a annoncé qu'un décret serait pris pour « sécuriser le fonctionnement actuel » des universités, c'est-à-dire valider les procédures sélectives, dont une liste doit être rendue au ministère par la Conférence des présidents d'université (CPU) le 14 mars. Ce décret sera soumis pour avis consultatif au Conseil national de l'enseignement supérieur et de la recherche le 18 avril, avant publication. Dans un avis rendu le 10 février et concernant deux de ses clients, le Conseil d'Etat rappelle que « aucune sélection ne peut être mise en place » en première ou en deuxième année de master si la formation en question ne figure pas sur « une liste limitative établie par décret ». Or « le décret listant ces formations n'a pas été pris depuis 1984 », commente Me Verdier, qui rappelle que ces derniers mois quatre jugements de tribunaux administratifs ont déjà été pris en ce sens.
Le Conseil d'Etat rappelle que sont concernées les sélections s'appuyant sur « les capacités d'accueil de l'établissement, le succès à un concours, ou l'examen du dossier des candidats ». Cette règle s'applique « tant pour la sélection à l'entrée en master 1 que, le cas échéant, pour la sélection en cours de master, à l’entrée en master 2 ». La plus haute juridiction administrative écarte par là même la validité d'un arrêté d'avril 2002 utilisé par plusieurs universités pour justifier leur sélection.
Pour William Martinet, "ce principe de sélection conduit à survaloriser certains masters ultra-sélectifs, et à dévaloriser les autres, comme des formations 'poubelles'." Car d'une université et d'une discipline à l'autre, tout peut changer. Les universités qui reçoivent le plus de demandes d’inscriptions en M1, et qui pratiquent déjà la sélection, s'y opposent. « Nous avons plus d'élèves en M1 qu'en licence car nous avons une véritable attractivité en master et en doctorat. Si on ne peut plus sélectionner, on va tirer le rideau et introduire une véritable inégalité en ne prenant plus que nos étudiants », prévient Bruno Sire, président de Toulouse 1 Capitole.
Le syndicat étudiant UNEF a, de son côté, appelé à ce que ce futur décret « garantisse à tous les titulaires d'un master 1 le droit à la poursuite d'étude dans au moins un master 2 du même grand domaine de formation dans leur université ».
Sources : Le Monde